Première Partie: L
19H35:
20H35:
»
« Après 16 Horsepower dans les années 90 puis The Wovenhand dans les années 2000 ; c’est maintenant au tour de David Eugène Edward de se produire sous son propre nom, les raisons de ce choix sont plutôt obscures, mais ce soir nous ne bouderons pas notre plaisir surtout que la soirée commence au bar de la Maro donc forcément la suite sera encore plus agréable. Pour une fois, l’ouverture des portes est programmée à 20 h, la raison est simple : il n’y a pas de première partie ce soir et j’avoue que parfois ça fait du bien !!
20H, avec Robert et Brigitte on entre dans la salle, vu l’implantation du matériel j’opte pour une position centrale. Sur ma droite et légèrement en retrait se trouve un clavier et quelques percussions tandis que sur ma gauche trône un pied surmonté de deux micros, quelques pédales et un ampli. Le décor est posé, c’est tout simplement le strict minimum. Lorsqu’apparait David Eugène Edwards, j’ai une drôle de sensation. Le bonhomme est presque surnaturel avec ses cheveux, jaune-blond, très fins mi-longs, la barbe et surtout le gros collier autour du cou sans oublier les plumes qui pendouillent à ses cheveux. Et puis le regard, deux traits de lumière presque inquiétants. Il a vieilli, je trouve, cela se voit sur son visage. Mais on comprend vite dès les premières notes de guitare que ce concert va être hanté. Imaginer 500 personnes dans une Maroquinerie sold out qui ne pipe pas un mot, qui se recueille même pendant les morceaux, où un parfum de chamanisme plane au dessus de nos têtes.
David Eugène semble habité, encore plus que lorsqu’il officiait avec ses anciens groupes. Les yeux fermés il chante d’une voix habitée par les esprits, le corps soumis à des tressaillements convulsifs qui le font de temps en temps se lever à moitié de son tabouret pour finir par se rasseoir systématiquement. Le set est un mélange de toutes les périodes incluant des chansons de 16th Horsepower et de Wovenhand mais j’avoue avoir eu du mal à les reconnaitre, le traitement très épuré des morceaux les rendant assez méconnaissables sauf pour les spécialistes dont je ne fais pas partie. Longue ovation entre chaque morceau, David Eugène parlera très peu durant le concert restant, la plupart du temps, les yeux mi-clos, imperméable à tout ce qui l’entoure sans pour autant ne pas être attentif. Rigolade, lorsqu’un spectateur ne pourra se retenir d’éternuer le tout ponctué d’un «A vos souhaits» ou quelque chose dans le genre provenant de David Eugène toujours les yeux clos. On peut dire que c’est une messe à laquelle nous avons assisté, mais à la différence de celles que j’ai fréquentées dans ma prime jeunesse, celle-ci avait quelque chose en plus, de spéciale, du fait que nous étions tous, j’allais dire, scotché, mais je préfère le mot envouté par le bonhomme qui nous a impressionnés au sens propre comme au sens figuré en semi-transe sur son tabouret. J’allais presque oublier de parler du second musicien dont je ne connais pas le nom, discret derrière ses claviers et apportant grâce à des percussions évanescentes une touche encore plus étrange au cérémonial orchestré par David Eugène. Oui rarement j’ai vu une salle complètement subjuguée, sans exception aucune, face à un artiste ayant il faut bien le dire une attitude presque autiste.