Opening : DAMIEN JURADO + WILLY MASON
« N’ayant, je dois l’avouer, qu’une connaissance vague de la discographie de Mark Lanegan avec Isobel Campbell (trois albums au compteur, le petit dernier étant tout nouveau), je ne pars pas plus enthousiaste que ça en direction du Café de la Danse. J’ai tort. Je suis déjà soulagée par le fait que l’on a effectivement le droit de rester debout dans le peu d’espace servant de « fosse », droit qui deviendra de toute façon une obligation par la suite car le concert est plus que complet et le nombre de sièges limité. Tant mieux, même si c’est le genre de concert calme où une place assise ne serait pas si handicapante, les sièges sont trop loin de la scène pour moi. En revanche, la chaleur devient vite intenable.
On attaque la soirée avec Willy Mason, chanteur folk américain qui nous gratifie de sa jolie voix et de sa guitare. Je n’ai pas retenu de morceaux en particulier mais apprécié l’ensemble de la prestation, beaucoup moins le public qui causait autour de moi.
On reste dans le même genre avec Damien Jurado : même si au premier abord, le fait de constater qu’il interprétera son set assis me rebute quelque peu, et que je trouve sa voix moins mélodieuse que celle de Mason, il saura me conquérir grâce à une complicité avec le public plus que teintée d’humour (sa comparaison de la conduite automobile parisienne avec les jeux vidéo, son fils qui n’aime pas sa musique car il est plutôt branché Daft Punk et Kraftwerk…) mais aussi lorsqu’il annoncera au bout de quelques chansons qu’à présent, tous les titres seront tristes. Je reste scotchée par The Killer, inspirée par le tueur en série Ted Bundy. « If you call off the guns, I’ll call off the dogs… ». Damien n’est pas très organisé dans sa prestation mais là encore, il en tire profit par une note d’humour : « Je ne suis pas très pro, mais c’est pas grave, on me paye pour ça… ». Si deux premières parties dans le même genre musical c’était peut-être une de trop (difficile d’accrocher d’emblée aux morceaux quand le texte est de toute évidence prépondérant), je ne peux nier que j’ai passé un bon moment, s’achevant sur des cris a capella déconcertants avant que Damien ne quitte la scène.
Les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Outre cet étrange « couple » formé par Isobel et Mark, un bassiste/ contrebassiste, un batteur et deux guitaristes complètent la scène, même si le show sera dans son ensemble plus jazzy que vraiment rock. L’ouverture sur We Die And See Beauty Reign me déçoit un peu, d’une part parce que, le concert solo de Mark à l’Union Chapel toujours en tête, je sais que sa voix peut délivrer bien plus de puissance, ensuite parce que même si je suis au pied de la scène et avec cette voix « limitée » de Mark, Isobel se fait presque inaudible. Malgré cela, la chanson est très belle, et son calme serein est sans nul doute une bonne introduction. Pour mon plus grand bonheur, Mark (que bien sûr je ne quitte pas des yeux, on ne se refait pas) se fait moins discret sur You Won’t Let Me Down Again. Come Undone, petit bijou jazz aux forts relents de James Brown, a beau être considérablement plus lent que 90% de la musique que j’écoute, m’envoûte complètement. Suivront la dansante Snake Song, cover du chanteur country Townes Van Zandt, puis Who Built The Road, pendant laquelle j’ai davantage l’occasion de découvrir le brin de voix de l’Ecossaise, si joli, cristallin, mais si discret. Le set se poursuit, linéaire mais prenant. Les interventions au violoncelle d’Isobel me semblent cependant bien trop limitées, moi qui garde encore en souvenir, deux ans et demi plus tard, les splendides solos de Charlotte Nicholls de Crippled Black Phoenix à la Maroquinerie. Il faut dire que je ne croise pas beaucoup de violoncelles lors de mes pérégrinations musicales.
Après The Circus Is Leaving Town, Mark quitte la scène sans prévenir (c’est Mark tout craché ça) et je bénis soudain ma visite à Londres (qu’est-ce que ça m’aurait fait qu’il quitte le concert comme ça pour la toute première fois où je viens le voir, je vous laisse imaginer ?). Mais là, plus surprise et amusée que vraiment désespérée de ce départ précipité, je retourne mon attention vers Isobel qui va nous interpréter trois titres en compagnie de Willy Mason, dont la voix ne soutient pas la comparaison avec celle de Mark, mais cela reste sympathique. Isobel est moins concentrée, elle plaisante, y compris pendant les chansons. Comme si en même temps que Mark, toute la partie sombre du set s’était envolée. Malgré tout Isobel n’est pas si à son aise que cela, une tentative de dialogue en français avec Mason nous informant qu’elle se sent « comme ci comme ça ». Car comme je l’ai déjà dit il fait chaud, c’est une vraie fournaise dans le public et avec les éclairages la scène doit être encore pire. Courageusement, Isobel poursuit avec deux titres en solo. Saturday’s Gone est une vraie merveille, le genre qui vous trotte en tête en sortant et pour un bon bout de temps. Mais Isobel tousse un peu pendant l’interprétation et fera son mea culpa à la fin, ajoutant qu’elle avait un rhume la dernière fois qu’elle est venue au Café de la Danse (si j’ai bien suivi) mais que là elle n’a aucune excuse. Peu m’importe, c’est ça le live, c’est vivant, plein d’imprévus, on est pas venus écouter un CD après tout.
C’est ensuite le grand retour de Mark, copieusement applaudi par un public qui semble massivement venu pour lui. Il ne prononça bien sûr pas un mot et attaqua direct sur Back Burner, toute la puissance de sa voix brusquement libérée, le public hurle dès qu’il ouvre la bouche, ce que je trouve limite insultant pour Isobel en fait. Moi aussi, j’attendais son retour avec impatience, ça ne m’a pas empêchée de profiter de l’intermède. Il faut cependant reconnaître que la différence entre sa voix du début du set et celle sur ce morceau était plus que flagrante. Et je doute que ce ne soit qu’une question de réglage de micro. Mais les chœurs d’Isobel sur ce titre (pour lequel elle change de micro) sont également plus assurés. Le show reprend ensuite une tournure plus classique, avant un Come On Over (Turn Me On) d’anthologie, aux accents de Portishead mais en version masculine. On termine avec Get Behind Me, Isobel reprend le micro utilisé sur Back Burner et fait des signes désespérés à l’ingé son, et bien qu’elle lui montrera ensuite son pouce, j’ai eu de nouveau l’impression d’entendre fort peu sa voix sur ce titre dansant qu’elle achèvera aux maracas.
Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas hâte au rappel, tant ces petits points négatifs (on peut aussi citer le fait que Mark lit ses lyrics sur un pupitre, même s’il n’en laisse rien paraître dans son chant) ne sont rien en comparaison du naturel, de la fraîcheur, de la spontanéité de la petite Isobel. Après Revolver, on enchaîne sur (Do You Wanna) Come Walk With Me et pour le coup, d’excellent, le concert va passer au stade mythique. Lanegan semblant transpirer de plus en plus, Isobel (qui a tombé la veste entre-temps) va lui proposer une douche avec elle vers la fin de la chanson. La proposition tournera en invitation à la douche collective par une Isobel apparemment un peu gênée de son audace, mais elle a visé juste : hilare (et, probablement, un peu gêné lui aussi), Mark interrompt son chant ! Connaissant son caractère impassible, cela ne doit pas arriver souvent. Puis c’est le retour des maracas sur un Ramblin’ Man entêtant pendant lequel Isobel sifflera de fort belle manière. On pensait avoir tout vécu avec l’intermède de la douche, on avait tort : un gars du public ayant à la fin de la chanson lancé un « Do you wanna marry me ? », Mark va nous prouver qu’il prête attention au public et peut faire preuve d’humour, il a répondu très clairement de façon à être bien entendu de tous « Yes, I accept ». Fou rire général, une très bonne ambiance ce soir décidément. Quelques secondes plus tard, le public se déchaîne sur l’unique titre solo de Mark interprété, le génialissime Wedding Dress. Comme je ne l’ai pas eu à l’Union Chapel, je jubile, d’autant que le solo de guitare est splendide.
Après tant d’émotions, le retour à la réalité est difficile. En plus, j’aurais dû rester car Mark est très généreux en dédicaces sur cette tournée, ai-je entendu dire sur le forum. Mais bon, je devais me lever tôt le lendemain, et j’espère de toute façon avoir d’autres occasions de revoir Mark bientôt, une rumeur d’album solo pour 2011 se faisant très insistante, et comme maintenant j’adore Isobel aussi (comment ne pas l’aimer ? Je regrette d’avoir fait une fixation sur la carrière solo de Mark finalement), les futurs concerts de Mark dans la capitale ne devraient, je l’espère, pas manquer »
Ce duo improbable [dans la veine de Sinatra/Hazelwood] réunit Isobel Campbell, ancienne chanteuse des Belle & Sebastian jusqu´à 2002, violoncelliste et compositrice Écossaise, à la voix angélique et l’ex rockeur tenébreux Mark Lanegan à la voix rauque de Screaming Trees, Queen of the Stone Age et Gutter Twins. Pouvait-on rêver plus belle union ?
(http://www.myspace.com/isobelcampbell)
(http://www.myspace.com/marklanegan)
(http://www.myspace.com/isobelcampbell)
(http://www.myspace.com/marklanegan)
• Ballad of the Broken Seas (2006)
• Sunday at Devil Dirt (2008)
• Hawk (2010)
• Sunday at Devil Dirt (2008)
• Hawk (2010)
Isobel Campbell : Vocall, Cell
Mark Lanegan : Vocal
+ Band
La Setlist du Concert
ISOBEL CAMPBELL & MARK LANEGAN
We Die And See Beauty Reign (Hawk - 2010)
You Won't Let Me Down Again (Hawk - 2010)
Come Undone (Hawk - 2010)
Snake Song (Hawk - 2010) (Townes Van Zandt Cover)
Who Built The Road (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Free To Walk (The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project - 2010)
Ballad Of The Broken Seas (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
The Circus Is Leaving Town (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
No Place To Fall (Hawk - 2010) (with Willy Mason) (Townes Van Zandt Cover)
Cool Water (Hawk - 2010) (with Willy Mason)
Say Goodbye (with Willy Mason)
To Hell And Back Again (Hawk - 2010)
Saturday's Gone (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Back Burner (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Time Of The Season (Hawk - 2010)
Honey Child What Can I Do? (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Salvation (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Come On Over (Turn Me On) (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Get Behind Me (Hawk - 2010)
Encore
You Won't Let Me Down Again (Hawk - 2010)
Come Undone (Hawk - 2010)
Snake Song (Hawk - 2010) (Townes Van Zandt Cover)
Who Built The Road (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Free To Walk (The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project - 2010)
Ballad Of The Broken Seas (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
The Circus Is Leaving Town (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
No Place To Fall (Hawk - 2010) (with Willy Mason) (Townes Van Zandt Cover)
Cool Water (Hawk - 2010) (with Willy Mason)
Say Goodbye (with Willy Mason)
To Hell And Back Again (Hawk - 2010)
Saturday's Gone (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Back Burner (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Time Of The Season (Hawk - 2010)
Honey Child What Can I Do? (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Salvation (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Come On Over (Turn Me On) (Sunday At Devil Dirt - 2008)
Get Behind Me (Hawk - 2010)
Encore
Revolver (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
(Do You Wanna) Come Walk With Me? (Ballad Of The Broken Seas - 2006)
Ramblin' Man (Ballad Of The Broken Seas - 2006) (Hank Williams Cover)
Wedding Dress (Bubblegum - 2004) (Mark Lanegan solo)
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